Petite note introductive:
Eh oui, nul n'ignore que mondialisation oblige, nous vivons actuellement des temps sombres où le sous-traitement fait rage... Et même les blogs finissent par y passer! Le principe est simple: parce que rien qu'à la vue d'un ordi, vos dents du fond se mettent à baigner, ou parce que simplement vous n'avez plus une minute à vous, vous décidez d'envoyer vos photos hors contexte à une petite entreprise qui se charge de raconter vos aventures pour vous (sans savoir vraiment de quoi il en retourne).
Pour des raisons linguistiques, cet article n'a cependant pas été réalisé à Taïwan mais par un authentique spécimen francophone basé en Écosse (pour la touche exotique) que je salue bien bas d'ailleurs pour sa performance grandiosement illuminée!!!
Cher public,
Vous devez certainement penser que ce blog manque un peu
d’adrénaline, d’action et de steak de caribou. J’avoue que traverser des lacs
gelés au péril de ma vie et manquer de finir congelée chaque matin en sortant
de chez moi, ça va bien un peu, mais on s’en lasse rapidement. C’est un peu
comme dans Indiana Jones, au dixième pont de lianes, on en viendrait presque à
espérer que cette fois-ci, il va finir dans un croco.
C’est pourquoi j’ai décidé le week-end dernier, de
participer au grand concours annuel de chasse à l’orignal, du village indien de
Pluhmdanlcuk, qui peut se traduire littéralement par « là-où-la-rivière-est-rapide-et-où-les-écureuils-batifolent ».
Tous les ans, les meilleures gâchettes de la région se retrouvent
à Pluhmdanlcuk, et partent affronter les bêtes sauvages et les éléments
déchaînés, dans l’espoir de revenir victorieux, un moose en travers des épaules
(bon en vrai, c’est plutôt à l’arrière d’un pick-up mais ça casserait le
mythe).
Les participants peuvent se regrouper par équipes, pour
augmenter les chances de surv… de descendre un orignal, et se partagent le
butin à la fin. Je vous présente donc notre équipe de choc :
- Jo, ma fidèle coéquipière,
- Gérard, notre guide spirituel qui a fait vœu de silence (là il
dit qu’il a faim),
- Pas-une-flèche, une redoutable guerrière algonquine,
- et moi, Raph, aventurière sans peur et sans reproche.
Avant de partir à la poursuite du bestiau, plusieurs rituels
s’imposent. Tout d’abord il faut s’attirer les bonnes grâces des dieux de la
nature. Ca c’est important, ça permet d’éviter de se retrouver coincés sous une
avalanche, d’être foudroyé, ou encore de se faire attaquer par des lapins
enragés, tout dépend de si les dieux sont très fâchés, ou pas trop fâchés (tout
ça c’est de la métaphysico-théologo-cosmolonigologie abitibienne, dont je vous
passe les détails).
Pour commencer, on demande au dieu des orignals (on dit des
orignaux ?) de nous autoriser à massacrer quelques-uns de leurs
congénères, en expliquant qu’on en a marre du MacDo.
Là je suis en pleine concentration...
Ensuite, on s’excuse d’avance auprès des dieux des autres
bestioles pour les dommages collatéraux en perspective, vu qu’on sait pas
viser, et que si on voit un truc qui bouge, on tire.
Johanna, en train de saluer le dieu des loups.
Une fois cette formalité accomplie, il nous reste une
seconde tâche importante : nous constituer des raquettes en tendons
d’orignal, afin de pouvoir nous aventurer fièrement dans les grandes forêts
enneigées. Il faut savoir que les pluhmdanlcukois mettent un point d’honneur à
partir chasser avec des raquettes de fabrication artisanale, et les raquettes
Decathlon sont interdites par le règlement.
Pour fabriquer de belles et résistantes raquettes, c’est
très simple. D’abord il faut faire bouillir les tendons dans une grande cuve
remplie de graisse de castor afin de les imperméabiliser. Il suffit ensuite de
les tresser bien serrés, perpendiculaires les unes aux autres, puis de les
attacher sur des morceaux de bois d’érable.
Johanna a bien essayé de s’en faire un string, mais ça n’a
pas marché.
Une fois tous équipés, et après une longue préparation
psychologique, nous sommes enfin partis, armés jusqu’aux dents, et bien décidés
à ne pas revenir brocouilles.
Jean-Michel, notre fournisseur d'armes
Nous avons joyeusement enfilé nos raquettes flambant neuves,
et sommes partis à la queue leu leu, Gérard en tête (Gérard étant muet, il a un
très bon odorat), et Pas-une-flèche fermant la marche (c’est la plus petite
donc si un couguar se pointe, ça sera pas une grande perte).
C’est là qu’on a réalisé que marcher dans la neige au milieu
de la forêt avec dix kilos de bric-à-brac sur le dos, c’est marrant cinq minutes,
mais ça n’a rien d’une promenade de santé. Alors quand il faut en plus enjamber
des troncs d’arbres, et escalader des cascades gelées… l’idée de faire
demi-tour et de rentrer se pieuter fissa, finit par se profiler à l’horizon.
Mais notre rage de vaincre et surtout le bidon de rhum que
j’avais eu la présence d’esprit d’emporter, nous ont redonné le courage de
continuer.
Mais traquer l’orignal, ça ne s’improvise pas. Comme nous
l’expliquait plus tôt Pas-une-flèche, il faut penser comme un orignal, agir
comme un orignal, devenir soi-même orignal, afin d’emprunter les mêmes
chemins…qu’un orignal. Alors bon, c’est bien joli tout ça, mais comment on fait
l’orignal, me direz-vous ?
Je vous propose une explication en image, admirez le
travail (un indice : tout est dans les oreilles) :
Avec une telle maîtrise de la technique, nos efforts ont
donc fini par payer, et après avoir malencontreusement tiré sur une ou deux
chouettes, une espèce d’ours, et un lynx des montagnes … nous avons enfin
déniché un orignal, bien fourré, gros et gras, et tout à fait disposé à finir
en brochettes !
Notre cible
Et là, tout s’est enchaîné très vite. Jo et moi
avons commencé à tirer approximativement dans la direction de l’animal, ce qui
n’a pas servi à grand chose, à part évidemment faire fuir notre steak sur
pattes. C’est là que Gérard s’est héroïquement jeté sur le steak en question,
le faisant trébucher, et permettant à Pas-une-flèche de lui décocher un carreau
d’arbalète en plein dans le mille.
Après avoir passé une heure à dégager Gérard de sous la
carcasse, nous sommes joyeusement rentrés au campement, avec de la viande pour
6 mois.
Le soir, un grand banquet était organisé en notre honneur,
et Gérard nous a préparé un ragoût, tandis que Pas-une-flèche allait chercher
du sirop d’érable pour arroser tout ça.
Le chef du village en personne nous a félicités pour notre
bravoure, et nous a offert des peaux de bêtes ainsi qu’un tapis en poils de
marmotte, très tendance (ce qui a failli provoquer une dispute quant à savoir
qui allait le garder pour chez lui, mais notre diplomatie d’ingénieur nous a
permis de remporter la mise).
De retour à la civilisation (enfin tout est relatif), il a
tout de même fallu stocker 150 kilos de futur-steak dans le congélo (on aurait
pu les laisser dehors, mais on n’est jamais trop prudent par les temps qui
courent). Je dois dire que découper un bestiau pareil en petits morceaux n’a
pas été chose facile, mais que voulez-vous, un barbec d’orignal, ça n’a pas de
prix !
Et j'empaquète encore et encore...Mais après l'effort, le réconfort!
Alors si vous sentez que vous avez un petit creux ou si vos
papilles sont avides de saveurs sauvages, n’hésitez pas à nous rendre visite,
il y en aura pour tout le monde !
Notre prochain objectif après cette expérience épique : tuer un
ours à mains nues. Paraît que c’est pas mauvais non plus …
Note bis: revanche à suivre sur http://findingnessie.blogspot.com/